#Rencontre : Abdelmounaime Sami

Commissariat Commissariat général, le 26 août 2021 0 commentaire

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Abdelmounaime Sami,

Éditeur numérique aux éditions Le Manifeste SARL, Maroc

 

Cofondateur d’une start-up spécialisée dans le livre numérique (Le Manifeste SARL) avec Mme Oumlil Latifa, je suis de formation supérieure en Mathématiques et en Finances, auteur de plusieurs ouvrages en arabe et en français et ancien cadre dans une grande entreprise marocaine.

S’engager dans le secteur du livre ou la culture en général est une aventure entrepreneuriale à risque au vu de l’environnement culturel au Maroc (crise de la lecture…). Ce risque, nous l’avons pris en considération en développant une offre intégrée et prête à pénétrer un marché en développement, qui s’appuie sur 4 pôles : le pôle Édition numérique, le pôle Librairie numérique en ligne, le pôle Bibliothèque numérique et le pôle Livres gratuits. Notre start-up est une entreprise sociale et solidaire. Par exemple, nous avons participé durant le premier confinement à une action de solidarité envers le personnel des hôpitaux et des élèves de l’enseignement primaire et secondaire, en offrant des abonnements à des bibliothèques numériques. D’autre part, les ventes de certains de nos ouvrages sont versées à des associations.

 

Les principales missions qui nous tiennent à cœur sont les suivantes :

  • Offrir une autre façon de lire au Maroc : la lecture sur les supports connectés et captés (une partie des Marocains passent plus de 4 heures et 15 minutes par jour sur les plateformes sociales) ;
  • Développer des partenariats avec les éditeurs marocains. D’une part, pour créer une synergie avec les éditeurs du livre papier. D’autre part, pour donner une deuxième vie à des œuvres éditées au début de l’activité des éditeurs papier. Et enfin, pour une meilleure visibilité des livres marocains à l’étranger ;
  • Développer une bibliothèque numérique marocaine avec une offre diversifiée.

Nous avons démarré notre activité le 1er mars 2020 à quelques jours du premier confinement, en publiant 4 ouvrages. Depuis cette date, nous avons publié plus d’une vingtaine d’ouvrages en version numérique, d’auteurs marocains, africains (Égypte, Cameroun, Mali…) et d’autres pays (France, Canada…).

Notre plus grande fierté, c’est d’avoir développé une offre de livres numériques au Maroc, qui est très en retard dans ce domaine par rapport aux pays francophones. C’est aussi d’avoir pu continuer notre aventure et développer des partenariats avec deux éditeurs marocains pour publier en version numérique une partie de leur catalogue.

Nous sommes aussi fiers de sponsoriser une émission culturelle de la radio nationale et d’avoir accompagné un club de lecture (de la ville de Tétouan au nord du Maroc) dans deux concours : le concours des Jeunes Auteurs et le concours de la Littérature jeunesse. Ces deux concours ont vu la participation de plus de trente jeunes de quinze pays.

 

Le frein principal est l’incompréhension de la part de nos collègues éditeurs et des pouvoirs publics.

Nous estimons que notre offre numérique vient compléter celle des éditeurs marocains ou africains et que notre démarche n’est pas concurrentielle, mais complémentaire. Les opportunités qu’offre le numérique pour notre secteur qui souffre d’une défaillance de distribution des livres (qui sont distribués dans les grandes villes) et de manque de librairies et de bibliothèques.

Concernant les pouvoirs publics au Maroc, il y a une réelle prise de conscience de la nécessité de développer une offre numérique dans le secteur de l’édition. Cette prise de conscience a été concrétisée par la publication en 2019 d’un rapport très détaillé du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) intitulé « Promouvoir la lecture, urgence et nécessité ». Ce rapport a mis l’accent sur le fait que la révolution numérique et le développement connectés ont profondément changé l’accès à l’information et au savoir ainsi que la communication, avec des outils d’un usage simple, peu coûteux et largement adoptés et diffusés au sein de la population.

Aussi, il y a le développement de l’Internet et des supports connectés au Maroc. Selon le rapport Digital de 2021 publié par « We Are social » et « Hootsuite », 74,4% de la population marocaine a accès à Internet, 89,6 % des internautes se connectent depuis un appareil mobile et les internautes marocains passent en moyenne 4 heures chaque jour sur le web.

 

Nos attentes sont nombreuses. Néanmoins, trois attentes principales nous tiennent à cœur.

  • La première, c’est de rencontrer des éditeurs francophones et développer des partenariats dans la coédition. La promotion du livre francophone passe par l’encouragement des éditeurs à s’engager dans le numérique par des programmes d’appui, des formations et des aides à nouer des relations avec les éditeurs français ou des pays francophones du Sud ;
  • La deuxième, encourager et inciter les éditeurs en français ou des pays francophones du Sud à nous céder les droits de publication des auteurs marocains, surtout ceux qui ont publié leurs œuvres durant les années 60, 70 et 80. Nous avons commencé cette démarche, mais les moyens financiers demandés par ses éditeurs ne sont pas à notre porté ;
  • Enfin, la troisième attente, c’est la formation des acteurs des livres francophones (éditeurs, libraires et bibliothécaires) et la création d’une plateforme d’échanges entre ces différents acteurs.