#Rencontre : Serge D. Kouam

Commissariat Commissariat général, le 21 avril 2021 0 commentaire

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Serge D. Kouam,

Éditeur aux Presses universitaires d’Afrique, maison d’édition camerounaise

 

Diplômé notamment de l’université Paris 13 en métiers du livre et de l’édition, je pratique le métier d’éditeur depuis 30 ans et dirige une très modeste maison d’édition depuis 26 ans. Durant mon parcours, j’ai présidé pendant 10 ans l’association des éditeurs du Cameroun et coordonné pendant 15 ans le réseau francophone de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI). Dans le cadre de mes missions d’éditeur au quotidien, j’ai le sentiment d’être une sorte passerelle entre les producteurs d’idées et une frange de la société en mal de réponses concrètes à ses multiples traumatismes séculaires. 

Le premier salon du livre de Yaoundé lancé en 2003 dont le concept est aujourd’hui repris par le ministère camerounais de la culture est mon initiative et je pense que ce fut une amorce de rupture nécessaire. De façon plus large, mettre la question de l’état du livre en langue française dans le monde sur la table de discussion constitue déjà en soi un exploit politique ! Je rends donc hommage à ses précurseurs ainsi qu’à l’équipe en charge de cette opération. Donner aux États généraux un contenu concret et s’assurer de son opérationnalité serait un gage existentiel rassurant de la langue française et des activités culturelles et économiques qui en résulteraient. Avoir pris part aux réflexions à l’initiative du Bureau international de l’édition française (BIEF), mais également l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI) constitue pour moi un réel motif de fierté.

Le défaut d’un cadre institutionnel adéquat visant à structurer le paysage éditorial constitue de mon point de vue la principale entrave au développement harmonieux de l’industrie du livre dans nos pays et en particulier au Cameroun. Je me réjouis de ce que le Commissariat des États généraux ait pressenti et mis en discussion cette difficulté majeure en inscrivant la problématique des Politiques publiques du livre et de la lecture dans son agenda de réflexion.

Difficile de résumer en une priorité mes attentes tant elles sont nombreuses ! Je dirais que dans un contexte multilingue en pleine concurrence, il serait impératif que les francophiles se mettent en état de bataille pour mieux valoriser cette langue : l’élaboration d’une Charte francophone portant Politiques publiques du livre et de la lecture pourrait s’avérer être un instrument pédagogique précieux, singulièrement pour les États qui, animés d’un volontarisme politique en la matière n’ont pas de repères pour sa construction. Ce défaut de repères peut se mesurer à travers la confusion qui se fait très souvent entre Actions publiques et Politiques publiques dans la plupart des États francophones d’Afrique subsaharienne. Encourager par la suite les États-parties à s’y mettre constituerait un objectif institutionnel louable pour l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) aux bénéfices des jeunes générations francophiles toujours plus nombreuses…